Le défi actuel de l’agriculture africaine c’est l’autosuffisance alimentaire. Notre agriculture devra nous permettre de manger à notre faim c’est-à-dire de satisfaire l’autosuffisance alimentaire et nutritionnelle des populations africaines. C’est un défi que l’agriculture africaine n’a pas encore relevé et ce n’est un secret pour personne. En témoignent les dons de riz et autres vivres du Japon et d’autres pays industrialisés. Je soutiens que le défi de l’autosuffisance alimentaire doit être une priorité pour les politiques agricoles africaines. Une quelconque politique agricole qui encourage la production des denrées d’exportation alors que la population croupit dans la misère, est à mon sens inappropriée pour le continent africain. L’Afrique doit d’abord produire pour nourrir son peuple.
Alors, dans la mise en œuvre de cette vision de l’accroissement de la productivité agricole en vue d’assurer l’autosuffisance alimentaire, je propose d’inscrire l’agriculture africaine dans la démarche qualité. La promotion de la démarche qualité dans l’agriculture béninoise intègre mes critères de choix du prochain candidat de la République du Bénin en avril 2016.
POURQUOI LA DEMARCHE QUALITE EN AFRIQUE ?
La démarche qualité, pour conduire les processus de production agricole selon les normes. La normalisation contribue non seulement au commerce international, mais également à l’infrastructure dont dépend la société, y compris en matière de santé et d’environnement, tout en favorisant le développement durable et les bonnes pratiques réglementaires. Les normes se divisent en trois grandes catégories, selon qu’elles se rapportent à des produits, à des processus ou à des systèmes de management. Les premières concernent la qualité et la sécurité des biens et des services. Les secondes portent sur les conditions de production, de conditionnement et de perfectionnement des produits et service (Gouroubera, 2015). Si l’agriculture africaine n’est pas au rendez-vous des productions agricoles mondiales c’est entre autres parce que le management de la qualité et le respect des normes réglementaires ne sont pas pris au sérieux. Je pense qu’il est temps d’instaurer la démarche qualité dans l’agriculture africaine. La qualité n’est pas le luxe. La population africaine a désormais le droit de consommer des denrées agricoles saines, ne mettant pas en danger leur santé, produites transformées et conditionnées d’après des processus reproductibles et qui peuvent être audités.
J’ai eu la chance de participer à une séance de mise en place des acteurs de la filière ananas de la région Ouémé-Plateau où je leur ai proposé lors de la définition de leurs axes stratégiques de s’engager dans la démarche qualité. Mais dans les débats, j’ai constaté une méfiance de la part de l’assistance. Cette méfiance s’exprimait par le fait que la mise en place de la démarche qualité nécessite beaucoup de moyens financiers. J’ai donc eu l’opportunité de clarifier que la mise en place de la démarche qualité a pour objectif principal la satisfaction des exigences des consommateurs. Il s’agit de produire en se conformant à la réglementation et aux normes internationales. A ce sujet, je dois préciser que la certification n’est pas le seul objectif de la démarche qualité et que c’est la certification qui n’est qu’une reconnaissance internationale, qui nécessite un peu plus de ressources. Encore qu’il faut toujours évaluer les frais liés à la mise en œuvre de la démarche qualité aux pertes (coût de non-qualité) engendrées par l’absence du système de management de la qualité.
L’agriculture africaine doit s’engager dans la démarche qualité parce que l’Afrique en a assez de consommer des produits de qualité douteuse qui détruisent la santé de ses fils et de ses filles. Nous avons besoin de consommer des denrées agricoles de qualité produites par nous-mêmes, respectant les normes, et la démarche qualité nous y aidera. La bonne santé des populations africaines dépend en grande partie de ce que nous consommons.
QUELS SONT LES AVANTAGES LA DEMARCHE QUALITE ?
Les enjeux du management de la qualité s’apprécient sur plusieurs plans dont voici quelques-uns :
- Financier : Faire plus de profit
Le déploiement de la démarche qualité conduit à une augmentation du chiffre d’affaire de l’entreprise. Il va s’en suivre dans notre contexte, une amélioration du revenu des entrepreneurs agricoles.
- Commercial : Augmenter les parts de marché
La démarche qualité facilite l’écoulement des produits dans la mesure où ces produits sont conçus en tenant compte des exigences implicites et explicites de la clientèle. Elle augmente la compétitivité de l’entreprise et augmente la confiance du client
- Techniques : Améliorer les performances techniques
La qualité permet de maîtriser les techniques de production et de s’informer des nouvelles technologies. Elle permettra de respecter les conditions de production, de conservation, de stockage et de distribution des produits agricoles afin d’assurer à la population africaine une meilleure santé. La bonne santé des Africains est nécessaire pour renforcer et achever son processus de développement.
- Notoriété internationale : Gage du professionnalisme
Les entrepreneurs agricoles africains doivent se professionnaliser. Cela au besoin leur permettra d’écouler leurs produits sur la marché international. J’avais participé à une séance de travail avec une association de riziculteurs qui déploraient une mévente de 285 tonnes de semences de riz. Je l’avais automatiquement relayé sur Twitter pour donner une ouverture internationale à leur préoccupation. Mais dans la suite des débats, il s’est avéré que la qualité germinative desdites semences n’est pas rassurante. De façon globale, nos produits agricoles n’arrivent pas à pénétrer le marché international parce qu’ils sont détectés non conformes au cours des contrôles. Il est vrai que de mon point de vue, le marché international n’est pas l’objectif du moment, l’Afrique veut produire pour nourrir ses enfants. Une fois on aura atteint l’autosuffisance alimentaire et nutritionnelle, nous irons sur le marché international.
COMMENT INTEGRER LA DEMARCHE QUALITE ?
Toutes les propositions en l’occurrence celles relatives au financement et au professionnalisme de l’agriculture béninoise contenu dans mes critères de choix du prochain candidat de la République du Bénin en avril 2016 sont à prendre en compte.
Ensuite il faut encourager toute initiative pour la promotion de la qualité dans le monde rural. Les entrepreneurs agricoles doivent être organisés en réseau.
L’Etat recrute des spécialistes de la qualité pour l’encadrement de ces réseaux d’entrepreneurs agricoles jusqu’à la labellisation de leurs produits.
Organiser sur le plan africain des compétitions pour la promotion de la qualité dans l’agriculture. Cela demande certainement du temps, mais si l’Afrique s’engage, nous allons relever le défi de la qualité dans le domaine agricole en l’Afrique !
VIVA AFRICA !!!
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