Porciculture : UN PLAN DE PROPHYLAXIE MEDICALE

Cet article est la réponse à la sollicitation d’un de mes lecteurs exploitants agricoles. Vous pouvez aussi me faire des propositions de techniques à partager.

Il vaut mieux prévenir que guérir dit-on. Le traitement d’une maladie revient presque toujours plus onéreux et plus compliqué que sa prévention. C’est l’une des raisons pourTruie lesquelles dans chaque spéculation animale, il existe un plan de prophylaxie sanitaire et un plan de prophylaxie médicale.

La prophylaxie sanitaire regroupe l’ensemble des mesures hygiéniques comme par exemple l’hygiène de l’habitat, l’hygiène du matériel d’élevage, l’hygiène de l’alimentation etc. La prophylaxie sanitaire se complète par la prophylaxie médicale. Il existe sur le terrain une multitude de plans prophylactique mais tous s’accordent de mon point de vue sur la prévention des maladies courantes dans une région donnée et pendant une période donnée. L’objectif de la prophylaxie sanitaire c’est d’empêcher à travers les mesures hygiéniques l’entrée de germes pathogènes (bactéries, virus ou champignons) sur les exploitations d’élevage. La prophylaxie médicale quant à elle se réalise à travers l’utilisation des produits vétérinaires pour la prévention.

L’élaboration de la prophylaxie médicale du porc tient évidemment compte des différentes pathologies courantes dans la région concernées et des besoins physiologiques de l’animal. En ce qui me concerne, j’ai tenu compte du stade physiologique de l’animal pour concevoir le plan de prophylaxie que j’utilise dans les élevages que je suis. Ainsi donc, au niveau des porcelets, je préviens contre le syndrome de 21e jour qui est causé par une carence en fer. En fait, le lait de la truie est dépourvu de fer, pour éviter que le porcelet soit victime d’un déséquilibre en fer, il faut lui faire un apport en fer. Pour les reproducteurs et les porcs en engraissement, il est question de déparasitage et d’apport de vitamines et minéraux.

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Je vous souhaite plein succès.

Porciculture : Avec ou sans une bonne clôture ?

porc sur la cour

Un éleveur de porc qui vit à Kotan dans la commune d’Avrankou nous avait sollicités en 2008 pour comprendre ce qui se passait sur son exploitation. En fait, depuis trois jours il enregistrait des mortalités dans son élevage. Il disposait de 7 truies reproductrices, 1 verrat reproducteur et 15 porcs à l’engraissement. Lorsqu’on était allé sur son site, il ne restait que 3 truies dont deux sont gestantes, le verrat reproducteur et 9 porcs à l’engraissement. Il nous a rapportés que les animaux arrêtent de manger et meurent quelques heures après. En dehors de l’observation, nous avons demandé certaines informations dont entre autres, l’existence et la consultation du calendrier prophylactique, le type d’aliment distribué et son lieu d’approvisionnement, etc. Nous avons fait un traitement à base d’Ornipural, d’Antibiotique et de vitamine. Le lendemain, il on était reparti sur le site. La mortalité a continué, on avait compté 3 porcs au total. Cette fois-là, le fils de l’éleveur était aussi présent. On lui avait demandé de nous dire qui se serait passé de nouveau environ une semaine avant que les mortalités ne commencent. C’est ainsi qu’il nous révéla que trois jours avant les, qu’il était venu trouver dans la loge d’une truie un verrat d’un autre élevage qui s’y est infiltré à travers les failles de la clôture. Il paraitrait que le verrat aurait même sailli certaines truies. Le fis de l’éleveur nous disait qu’il a chassé le verrat de l’élevage. Il n’en avait même pas informé son père. Ce n’est après ce récit que nous avions pensé à la Peste Porcine Africaine (PPA) car en considérant les données épidémiologiques en ce moment, c’était pratiquement la seule la maladie qui avait une telle allure. Nous avons donc proposé à l’éleveur d’aller voir le Chef du Village ensemble pour en savoir plus par rapport au verrat en divagation. Lorsqu’on était allé chez le chef du village, il nous expliquait qu’il avait reçu la plainte d’un autre éleveur chez qui le verrat était également rentré et qui avait tué le verrat. Il s’était ensuite révélé que le verrat en question était le seul rescapé d’un élevage dont tous les autres porcs étaient morts et qui se situait dans un village voisin (Vagnon). Nous avons tous compris qu’il s’agissait de la PPA. L’éleveur avait presque les larmes aux yeux quand il nous déclarait qu’il avait fait un crédit de 5 millions de FCFA à rembourser sur 5 ans. Ce verrat avait littéralement disséminé la PPA dans presque tous les élevages du village car la plupart des éleveurs de porcs ne comprenaient rien des mesures de biosécurité.

Que pouvait-il faire pour ne pas perdre tous ces porcs?

Pour éviter ce triste sort, il suffit de respecter les mesures de biosécurité. Pour commencer, il faut faire remarquer que l’éleveur ne disposait pas de pédiluve à l’entrée de sa porcherie. La porcherie n’est pas clôturée avec le soin. En effet, il avait fait la clôture en se servant des claies mal posées. L’hygiène au sein des loges était acceptable et il disposait même d’un plan de prophylaxie. Mais en principe, rien n’est à négliger. Une petite faille peut gâcher tout l’effort consenti. L’ensemble des mesures à mettre en œuvre pour prévenir et empêcher l’entrée et/ou la sortie de germes pathogènes d’un élevage doit être suivi avec rigueur. Quelques-unes de ces mesures sont détaillées dans l’article L’essentiel sur l’habitat du porc en milieu tropical. Il s’agit d’un ensemble de mesures simples très souvent banalisées par bon nombre d’éleveurs. Il faut préciser que certaines pratiques d’élevage au Bénin favorisent l’entretien et la dissémination des germes pathogènes d’un élevage à l’autre.

Quelles sont ces pratiques ? La réponse se trouve dans l’article suivant.

Merci et plein succès à vous.

Porciculture : Ne donnez pas de la papaye à vos truies en reproduction

Au cours d’une formation sur l’aulacodiculture en 2008 que j’avais été informé que les graines de papaye séchées puis rendues en poudre peuvent être utilisées pour déparasiter les aulacodes. Plus tard, je me rends compte que la même technique est utilisée pour déparasiter bien d’autres espèces animales.

En 2012, j’ai été interpellé dans la commune d’Avrankou par un éleveur de porc dont la truie a avorté 8 porcelets. Au cours de l’anamnèse, il ressortait que ce dernier donnait aux truies des feuilles et le fruit de papaye.

D’un autre côté en 2013, il y a un éleveur dans la commune de Sémè-Podji qui se sert de la papaye mure pour « démarrer » du point de vue alimentation, ses jeunes porcelets jusque avant le sevrage. Ces porcelets avaient développé un appétit vorace et avaient une croissance exemplaire.

Une autre observation au niveau du même éleveur. Il distribue aux truies en reproduction des feuilles, branches et fruits de papaye. Résultat : il enregistre des avortements réguliers, et il a été constaté une diminution importante de la portée (2 à 4 porcelets) au cours de la période où il distribuait les feuilles et fruits de la papaye.

L’action antihelminthique de la papaye se lit à travers toutes ces observations. Cependant, une petite question persiste toujours dans mon l’esprit.

Qu’est ce qui confère à la papaye cette propriété antihelminthique ?

J’ai poussé un peu les recherches et j’ai découvert que cette propriété déparasitante de la papaye est conférée par une enzyme appelée la papaïne. La papaïne détruit certains vers parasites, est antitoxique (diphtérie, tétanos), anti-inflammatoire et contribue à la cicatrisation des plaies ; le latex est aussi antifongique. D’après les études, cette propriété antihelminthique est plus concentrée dans les graines de la papaye.

La papaïne est en fait un mélange d’enzymes protéolytiques (ou protéases), capable de scinder les protéines en molécules plus simples – ce qui constitue en quelque sorte un début de  » digestion  » des protéines -, et de coaguler le lait. Ces propriétés de la papaïne sont utilisées empiriquement dans les pays tropicaux (d’où la papaye est originaire) où, pour attendrir la viande, il est habituel de l’envelopper pendant quelques heures dans des feuilles de papayer.

Pour en savoir plus, cliquer sur 1 et 2.

La papaye se comporte-t-elle de la même façon que les autres  déparasitants ?

Affirmatif, du moins en se basant sur mes observations empiriques. Je veux parler en fait des contre-indications. La plupart des déparasitants sont contre indiquées chez les femelles en gestation (pareil pour les femmes enceintes).

Des études montrent que le fruit et la graine empêchent l’implantation de l’œuf dans l’utérus. L’emploi de la plante chez la femme enceinte, les enfants et les personnes ayant l’intention de procréer est déconseillé. Voilà qui répond à mon interrogation. L’organisme animal est assez proche du point de vue physiologique de celui des humains. La diminution des portées observée chez les truies de l’éleveur de Sémé-Podji pourrait s’expliquer par le fait que de nombreux œufs n’ont pas pu s’implanter dans la paroi utérine à cause de la distribution importante des fruits et feuilles de papaye. Pour ce qui est des avortements observés, il s’agit de l’effet abortif de la plupart des déparasitants, raison pour laquelle ils sont contre-indiqués chez les femelles gestantes surtout en début de gestation.

 Que faut-il retenir ?

La papaye est un excellent aliment pour attiser l’appétit de vos porcs à l’engraissement. Mais ne donnez pas la papaye à vos reproducteurs et surtout pas aux truies gestantes. La papaye verte est réputée provoquer des avortements, les femmes enceintes ne doivent pas utiliser de compléments alimentaires contenant de la papaïne. A ce sujet, le spécialiste en santé humaine précise que la chair de papaye mûre ne contient que des quantités infimes de papaïne. Elle n’a pas de vertus digestives et peut être consommée par les femmes enceintes. Pour ma part, j’ajoute que les femmes ne consomment pas les graines de papaye bien sûr, ce qui n’est pas le cas chez les truies. Ne donnez pas aux truies de la papaye qu’elle soit mûres ou non.

Pour conclure, je voudrais vous rappeler que les avortements successifs ou les problèmes de fertilité de vos truies reproductrices  ne sont pas toujours d’origine pathologique, accordez aussi de l’attention à leur alimentation.

Je vous souhaite plein succès.

Louis Agbokou.

Porciculture : L’essentiel sur l’habitat du porc en milieu tropical

habitat porcs

Une bonne maîtrise de l’élevage des porcs passe par la construction d’un habitat adéquat permettant un bon suivi sanitaire, alimentaire et une bonne gestion de la reproduction. L’élevage en divagation des porcs constitue un risque potentiel exacerbé par le contexte sanitaire actuel caractérisé par l’émergence de maladies virales qui malheureusement prennent une allure enzootique. Elever ses porcs en divagation c’est comme épargner de l’argent au près d’un inconnu ; tout peut arriver (Rires). Le leitmotiv de tout conseiller agricole est de nos jours le renforcement des mesures de biosécurité c’est-à-dire l’ensemble de mesures mises en œuvre pour prévenir et empêcher l’entrée/la sortie de germes pathogènes d’un élevage. Et l’habitat joue un rôle fondamental en matière de biosécurité.

Pour y arriver quelques points clé sont à considérer :

  • Le choix du site

Le site abritant la porcherie doit être non inondable, non glissant, accessible et à proximité d’une source d’approvisionnement d’eau. Le site doit se situer en retrait de la ville et doit être clôturé.

  • Le bâtiment d’élevage

Le porc est un animal fort. Si vous le mettez dans un bâtiment à base de matériaux précaires, soyez sûr qu’un jour à l’autre il va briser les barrières, sortir et se mettre en divagation. De plus ce n’est pas une partie de plaisir que d’attraper un porc en liberté (rires), il faut une bonne équipe de personnes en très bonne santé.

Il est donc préconisé un bâtiment à base de matériau définitif pour un suivi adéquat de l’activité. En milieu tropical, le bâtiment d’élevage de porc n’est pas fermé, il est largement ouvert sur les côtés. Le bâtiment est orienté Est – Ouest afin de permettre aux porcs de se protéger à volonté des rayons solaires. Les bâtiments dont la toiture est disposée en une double pente ne permettent pas dans la plupart des cas de réaliser les deux parties (couvertes et non couvertes), cependant les porcs s’adaptent.

Les meilleurs bâtiments sont en général à sol cimenté, l’élevage de porc ne doit pas se faire sur un sol nu car le mélange du sol avec les restes d’aliment, l’eau d’abreuvement et l’urine constitue un milieu favorable à la prolifération des microbes qui finiront par nuire à l’animal. En plus un tel environnement ne permet pas d’effectuer de façon efficace l’hygiène de l’habitat. Le sol doit être dallé, légèrement rugueux et légèrement incliné (3% de pente) de manière à faciliter l’écoulement des eaux de nettoyage. L’intérieur du bâtiment est divisé en loges. Ces loges peuvent être placées soit sur une rangée, soit sur deux rangées de part et d’autre d’un couloir (allée) central de service de 1,5m de large.

Chaque loge dispose d’une aire de couchage et une aire d’exercice. La surface de couchage doit être couverte en tôles ou en paille. La surface d’exercice non couverte doit être assez large pour faciliter le déplacement et la défécation des animaux. Cette surface non couverte bénéficie de la désinfection naturelle grâce à son exposition aux rayons solaires. De plus, elle permet aux porcs de profiter au besoin des rayons solaires (nécessaires à la synthèse de la vitamine D par l’organisme).

Les murets de séparation des loges ont une hauteur de 1,20 m pour les truies et 1,40 m pour les verrats. L’épaisseur du muret est de 15 cm en brique ou bien il peut s’agir des séparations en béton armé de 10 cm.  Les portes des loges doivent s’ouvrir à l’intérieur et non de l’extérieur pour éviter qu’elles soient défoncées par les porcs.

La toiture peut être en tôle ondulée, en tuile ou en chaume. Elle doit être supportée par des poteaux bien solides. La hauteur est de 2,5 m à 3 m. Il faut orienter la pente de la toiture derrière le bâtiment de telle sorte que l’eau de pluie se verse derrière le bâtiment. Si elle se versait à l’intérieur de la loge, elle remplissait le puisard destiné à drainer les eaux résiduelles. Au cas où la pente est déjà orientée à l’intérieur de la loge, vous pouvez mettre à l’extrémité de la tôle ou la tuile une gouttière et le connecter à un dispositif de collecte pour une utilisation ultérieure de l’eau.

  • Les types de loges :

On distingue 4 types de loges dans une porcherie : il s’agit des loges d’engraissement, loges d’attente de saillie, loges de maternité, loges de verrat. Les loges d’engraissement permettent de regrouper les porcelets sevrés pour les nourrir jusqu’au poids d’abattage. Les loges d’attente de saillie permettent de regrouper les jeunes truies vides qui attendent la saillie. Les loges de maternité sont des loges conçues pour la mise-bas. La loge du verrat doit se trouver soit à l’entrée ou au milieu de la porcherie.

Mais sur le terrain, il on ne constate que trois type de loges: la loge de la truie reproductrice, la loge du verrat reproducteur et la loge d’engraissement.

  • La densité dans les loges

Au cours de l’engraissement, les loges collectives utilisées devront assurer 1 m2 par porcelet de 20 à 50 Kg et 2 m2 par porc de 50 à 100 Kg à l’engraissement. Les loges d’engraissement peuvent être de dimensions 4m sur 3m et contenir 8 à10 porcelets jusqu’à 6 mois d’âge. Pour les loges de la truie en reproduction, prévoir 9 à 10 m² par truie. En ce qui concerne les loges de verrat en reproduction, il faut 10 à 12 m² par verrat reproducteur.

  • Les mangeoires et abreuvoirs

Les mangeoires et abreuvoirs peuvent être fixes ou mobiles. Je préconise pour ma part ceux qui sont  en béton et fixes. Les mangeoires et les abreuvoirs recommandés doivent avoir les caractéristiques suivantes :

– permettre une distribution facile des aliments sans que l’on ne soit obligé à rentrer dans la loge ;

– résister à l’action destructrice des animaux ;

– résister à la corrosion des aliments ;

– permettre un nettoyage facile, etc.

En ce qui concerne l’eau de boisson, il faut distribuer de l’eau de bonne qualité c’est-à-dire de l’eau potable ou encore l’eau que vous pouvez boire vous-même.

Lorsque l’espace le permet, il est recommandé de prévoir surtout pour les reproducteurs des baignoires pour réguler plus facilement les fortes variations de températures. Le porc déteste essentiellement la chaleur car en période chaude sa graisse sous-cutanée a tendance à se fondre, ce qui lui donne une sensation de chaleur excessive.

  • L’hygiène de l’habitat

Comme j’ai coutume de dire, la maîtrise de l’hygiène de l’habitat commence depuis le type et le choix des matériaux de construction. Il faut privilégier les matériaux qui facilitent le lavage et la désinfection. L’intérieur des loges doit être lavé et désinfecté deux à trois fois par semaine. Les porcheries dont le plancher ou les murets de séparation sont couverts d’une couche verdâtre  manquent d’hygiène. Il faut à l’aide de grattoir et de brosse nettoyer le sol et les murets pour les rendre propres. Les déjections doivent être ramassées tous les jours. La procédure de mise en œuvre de l’hygiène suggère le grattage, le nettoyage (brossage plus balayage), le lavage à l’eau plus savon puis la désinfection.

La porcherie doit être suffisamment aérée pour permettre la circulation et le renouvellement du l’air ambiant. Elle doit recevoir à un moment de la journée les rayons solaires pour une désinfection naturelle des loges. Le sol doit être résistant, imperméable, non glissant avec une légère pente pour faciliter l’évacuation des déjections et eaux de lavage. Il faut disposer d’habits exclusivement réservés au travail dans la porcherie et installer obligatoirement un pédiluve devant la porcherie et en faire un usage quotidien.

Conclusion

Le porc étant un animal solide, son habitat est également conçu de façon solide pour pouvoir le contenir. La réussite de l’élevage de porc commence par la bonne conception de la porcherie. Je dois préciser qu’avec une alimentation de qualité et une bonne gestion de la reproduction, le porc n’a pas tendance à sortir des loges. Il est donc important d’assurer à nos porcs une bonne alimentation, un bon suivi sanitaire et une bonne gestion de la reproduction.

Je vous encourage à persévérer et vous souhaite plein succès !

Louis Agbokou