Le climat change, l’agriculture aussi : Une agriculture intelligente, sensible au climat

Chers acteurs du secteur agricole. Je nous invite à réfléchir au sujet des variabilités saisonnières induites par les changements climatiques. Pendant des années j’ai été attentif à la variabilité saisonnière de la pluviométrie en quantité, puis dans le temps et dans l’espace.

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Voici mes observations : En 2009, le mois de janvier a été pluvieux de sorte que certains agriculteurs qui préparaient leurs sols avaient commencé par semer le maïs et l’arachide le 31 janvier ; j’étais encore dans la commune de Toviklin. Ces pluies ont continué, même si les quantités d’eau recueillies n’étaient pas grandes, jusqu’en avril où la saison des pluies s’était bien installée avec les grandes précipitations. Mais après le mois de février, toutes les pluies qu’il y avait eu en mars étaient au cours des derniers jours de la dernière décade, au point où tous les premiers semis de maïs sont totalement grillés. Les producteurs persévérants ont arraché ces plants de maïs pour y installer de nouveaux.

Nous sommes en 2011 : cette fois-ci, mes observations se sont étendues à d’autres localités. La première saison s’est passée sans incidence pluviométrique majeure. Mais au cours de la deuxième saison, la dernière pluie de l’année a eu lieu le 1er novembre. J’avais emblavé au cours de cette petite saison, 2 ha de maïs amélioré dans un village de la commune d’Agbangnizoun mais qui très proche des localités de Kouékanmè. Je vous assure que je n’ai pas récolté un seul grain de maïs cette saison. Les plants de maïs de mon champ, bien sarclé et fumé, sont totalement grillés. Alors qu’en 2010, les pluies de la deuxième saison ont été abondantes et ont continué jusqu’en décembre avec des inondations que nous avons tous déploré.

En 2014, c’est la première saison qui a pris un grand coup dans la commune de Houéyogbé où j’étais en service. Les pluies ayant bien commencé se sont brusquement interrompues en avril. Une poche de sécheresse inattendue s’est installée avec pour conséquence une perte importante de récolte.

La situation a été pareille en 2015 dans la commune de Lalo où jusqu’en mai on a noté une très mauvaise pluviométrie pendant la première saison.

En 2016, c’était le comble. Pendant la première saison, les pluies qui s’étaient bien installées ont été intercalées d’une poche de sécheresse courant avril-mai. Dans les localités situées sur la terre rouge, tous les premiers semis de maïs (semés courant mars) qui étaient déjà au stade de floraison ont desséché de même que les champs de tomate installés en première position. Avec la reprise des pluies, ce sont seulement les parcelles ensemencées de maïs local qui ont repris mais avec une baisse importante de rendement. Au cours de la deuxième saison, les localités de Tchi (situées sur la terre noire) ont été victime d’irrégularité des pluies et d’une poche de sécheresse. Par suite du déficit hydrique, aucune récolte n’a pu se faire sur le riz de bas-fond installé pour le compte de cette petite saison à Tohou, une zone de grande production de la commune de Lalo.

Des enseignements tirés

A la reprise des pluies après la poche de sécheresse de la première saison campagne 2016-2017, nous avons remarqué que le maïs local a repris et a bouclé son cycle, mais ce n’est pas le cas pour le maïs amélioré. Les agriculteurs qui ont semé un peu plus tard dans la deuxième quinzaine d’avril n’ont pas eu trop de problème. Des semis de maïs et de tomate ont même eu lieu après la poche de sécheresse et ont donné de bon rendement.

Deux leçons possibles sont à tirer pour ma part: i) l’agriculteur pour être à l’abri (ou pour amoindrir les dégâts) peut choisir ensemencer une partie de son champ avec le maïs local, et une autre partie avec le maïs amélioré ; ii) Il peut aussi semer une partie de ses parcelles quand les pluies se sont premièrement installées et attendre un moment avant de semer le reste. Cela suppose une planification de la préparation du sol ; et tout ceci fait appel à un plan de campagne bien élaboré.

Louis Agbokou et Didier Bonou

Une réflexion sur “Le climat change, l’agriculture aussi : Une agriculture intelligente, sensible au climat

  1. BONOU Didier 25 février 2017 / 14 02 25 02252

    Ce sont de bonnes leçons d’adaptation au changement climatique. Il est donc prudent d’echelonner les semis (sur plusieurs semaines voire mois) pour minimiser les dégats; surtout en premiére saison.

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