C’est le thème du deuxième panel de la revue régionale sectorielle du 4è trimestre 2015 des acteurs du secteur agricole organisé par le Centre Agricole Régional pour le Développement Rural (CARDER) de Ouémé et du Plateau tenue dans la commune de Pobè.
Le modérateur du panel est Monsieur Gérard Agognon, Directeur de la Promotion des Filières et de la Sécurité Alimentaire au CARDER Ouémé-Plateau.
Les panélistes sont :
Monsieur Olivier Lahamy, Chef Service du Contrôle des produits d’origine Animale et Halieutique au CARDER Ouémé-Plateau
Monsieur Dossa Wenon, Chargé de la Production Halieutique au CARDER Ouémé-Plateau
Monsieur Guy Coucou, Président régional de la FENAPIB (Fédération Nationale de Pisciculteurs du Bénin), Représentant les pisciculteurs de la région Ouémé-Plateau.
Monsieur Théophile Boulome, Représentant les éleveurs de la région Ouémé-Plateau.
Le modérateur du panel a accordé la parole à chaque panéliste pour se prononcer sur le thème. Ensuite, ce fut le tour de l’assistance pour apporter sa contribution au sujet. Enfin, quelques recommandations ont été faites au terme des débats. J’ai essayé de ressortir les points saillant des interventions de chaque panéliste. J’invite les autres participants de la revue à compléter au besoin les idées.
Guy Coucou: Les difficultés d’approvisionnement en intrants piscicoles se concentrent au niveau de l’aliment poisson. L’alimentation des poissons se faisant d’antan avec les restes de cuisine transformés en poudre, mais les poissons n’en tiraient as grande chose. C’était au temps de la pisciculture extensive. Ensuite, on est passé à la fabrication des aliments locaux mais de qualité douteuse (mauvais résultat) et qui ne flottent pas. En outre, c’est le tour de l’aliment extrudé de bonne qualité (bon résultat) et bien flottant mais qui est cher. L’Etat a fait exonérer les taxes de dédouanement pour les aliments de poissons dans la loi de finance précisément celle de 2014. Malheureusement, la loi de finance de 2015 n’a pas tenu compte de cette exonération. Lorsque nous avons demandé à comprendre, les autorités de la douane nous ont dit que l’exonération prenait en compte les intrants agricoles et que les aliments poissons n’y faisaient pas partie d’après leur répertoire à eux. Nous nous sommes donc rapprochés de la Centrale d’Achat des Intrants pour une subvention de l’aliment poisson au même titre que les engrais minéraux. Il faut dynamiser la FENAPIB (Fédération Nationale des Pisciculteurs du Bénin) et professionnaliser l’activité de telle sorte que le producteur d’alevins ne soit pas en même temps producteur de poissons marchands.
Enfin, je pense que le Bénin peut se procurer d’une extrudeuse pour produire localement les aliments poissons. Cela va nous permettre d’avoir de l’aliment poisson à un coût raisonnable.
Dossa Wenon: Face à la rareté de la farine de poisson de qualité, c’est-à-dire une farine de poisson à base de la chair du poisson et non avec des arêtes, l’aliment poisson fabriqué localement n’est pas de bonne qualité. Avec la non qualité de la provende sur place, les éleveurs se sont orientés vers l’extérieur, vers l’Israël pour l’achat d’aliment poissons. La provende de mauvaise qualité fabriquée localement pollue l’eau au lieu de nourrir les poissons. Il faut effectuer à partir des matières premières locales des recherches pour la fabrication de provende de qualité. Un autre type intrants, ce sont les alevins. Le projet PROVAC a formé des pisciculteurs-clé qui sont spécialisés dans la production d’alevins de qualité. Pour avoir les contacts de ces pisciculteurs, orientez-vous vers les Secteurs Communaux pour le Développement Agricole (SCDA) de votre commune ou vers les Direction Générale à savoir, le Centre d’Action Régionale pour le Développement Agricole CARDER de votre région.
De nos jours comme intrants de production des poissons, nous pouvons également mentionner l’utilisation des hormones. Il faut préciser qu’elles ne posent aucun problème de santé pour les consommateurs. En plus, leur mise sur le marché est réglementée. L’achat et l’utilisation des hormones ne sont pas autorisés à tout le monde. C’est la Direction des Pêches qui les met à disposition des pisciculteurs-clé formés le projet PROVAC.
Pour finir le développement de la pisciculture au Bénin doit nécessairement passer par un bon rapport qualité prix de l’aliment poisson c’est-à-dire disposer d’un aliment-poisson de bonne qualité et d’un coût raisonnable pour une bonne rentabilité de l’activité.
Théophile Goulome : Ce thème peut faire l’objet d’un thème de mémoire. Un intrant c’est tout ce qui rentre dans l’élevage. On a comme difficultés l’approvisionnement des géniteurs : les truies et les verrats, il faut savoir bien les choisir. Pour le choix des géniteurs nous n’avons pas de grandes fermes à Pobè mais les techniciens du SCDA nous orientent à cette fin. Nous avons fait l’expérience de la provende de Vets Services, c’est bon mais c’est très cher. Pour éviter de faire des pertes, nous achetons les matières premières et nous fabriquons nous-même la provende. On a les résultats mais pas comme ceux de Vets services. J’ai des plantes que j’utilise pour résorber un peu le problème de protéine.
Pour les produits vétérinaires, on n’en a pas ici à Pobè, on se dirige vers les agents des SDCA pour nous les procurer depuis Porto-Nova. Pour régler nos problèmes, on s’est constitué en coopératives et on fait les achats de matières premières en grande quantité et on fait stockage parce que les matières premières ne sont pas toujours disponibles.
Olivier Lahamy : Il faut mettre l’accent sur la qualité des matières premières. Les valeurs bromatologiques des matières premières ne sont pas connues. De façon globale, La réglementation n’est pas suivie. Pour installer une pharmacie vétérinaire, il y a la législation. Des médicaments non homologués par la législation au Bénin mais qui malheureusement sont en vente, ce qui pose le problème de la qualité des viandes produites. Un autre exemple, c’est l’insémination artificielle qui est réglementée mais tous ceux qui s’adonnent à cette opération ne respectent pas la réglementation en vigueur. Les antibiotiques sont utilisés dans les élevages mais les délais d’attente ne sont pas toujours respectés. Il faut reconnaître que le contrôle de la qualité des produits d’origine animale doit être renforcé. Il s’agit en fait d’une volonté politique pour assurer à la population béninoise une bonne santé.
Les participants au panel sont également intervenus pour apporter leur contribution au débat. Entre autres préoccupations abordées, il a été question de faire le point des communes ayant enregistré des cas de mortalité de lapin causée par la maladie virale hémorragique.
Quelques recommandations :
Des recommandations ont été formulées au terme des débats. Il s’agit de :
- Faire la veille pour la l’exonération des frais de dédouanement des intrants agricoles dont l’aliment-poisson ;
- Mieux valoriser les sous-produits agricoles ;
- Organiser les filières animales ;
- Enregistrer les débats du panel et les faire passer dans les radios.
Maintenant, c’est à vous la parole…
Ce débat peut se poursuivre avec vous les lecteurs. Vous pouvez partager avec nous, vos expériences sur la Problématique de l’approvisionnement en intrants agricoles pour les productions animales et halieutiques. Votre contribution (critiques et suggestions) au débat peut être la solution à un problème spécifique d’un exploitant agricole. Donc n’hésitez pas à partager votre expérience.