Porciculture : L’essentiel sur l’habitat du porc en milieu tropical

habitat porcs

Une bonne maîtrise de l’élevage des porcs passe par la construction d’un habitat adéquat permettant un bon suivi sanitaire, alimentaire et une bonne gestion de la reproduction. L’élevage en divagation des porcs constitue un risque potentiel exacerbé par le contexte sanitaire actuel caractérisé par l’émergence de maladies virales qui malheureusement prennent une allure enzootique. Elever ses porcs en divagation c’est comme épargner de l’argent au près d’un inconnu ; tout peut arriver (Rires). Le leitmotiv de tout conseiller agricole est de nos jours le renforcement des mesures de biosécurité c’est-à-dire l’ensemble de mesures mises en œuvre pour prévenir et empêcher l’entrée/la sortie de germes pathogènes d’un élevage. Et l’habitat joue un rôle fondamental en matière de biosécurité.

Pour y arriver quelques points clé sont à considérer :

  • Le choix du site

Le site abritant la porcherie doit être non inondable, non glissant, accessible et à proximité d’une source d’approvisionnement d’eau. Le site doit se situer en retrait de la ville et doit être clôturé.

  • Le bâtiment d’élevage

Le porc est un animal fort. Si vous le mettez dans un bâtiment à base de matériaux précaires, soyez sûr qu’un jour à l’autre il va briser les barrières, sortir et se mettre en divagation. De plus ce n’est pas une partie de plaisir que d’attraper un porc en liberté (rires), il faut une bonne équipe de personnes en très bonne santé.

Il est donc préconisé un bâtiment à base de matériau définitif pour un suivi adéquat de l’activité. En milieu tropical, le bâtiment d’élevage de porc n’est pas fermé, il est largement ouvert sur les côtés. Le bâtiment est orienté Est – Ouest afin de permettre aux porcs de se protéger à volonté des rayons solaires. Les bâtiments dont la toiture est disposée en une double pente ne permettent pas dans la plupart des cas de réaliser les deux parties (couvertes et non couvertes), cependant les porcs s’adaptent.

Les meilleurs bâtiments sont en général à sol cimenté, l’élevage de porc ne doit pas se faire sur un sol nu car le mélange du sol avec les restes d’aliment, l’eau d’abreuvement et l’urine constitue un milieu favorable à la prolifération des microbes qui finiront par nuire à l’animal. En plus un tel environnement ne permet pas d’effectuer de façon efficace l’hygiène de l’habitat. Le sol doit être dallé, légèrement rugueux et légèrement incliné (3% de pente) de manière à faciliter l’écoulement des eaux de nettoyage. L’intérieur du bâtiment est divisé en loges. Ces loges peuvent être placées soit sur une rangée, soit sur deux rangées de part et d’autre d’un couloir (allée) central de service de 1,5m de large.

Chaque loge dispose d’une aire de couchage et une aire d’exercice. La surface de couchage doit être couverte en tôles ou en paille. La surface d’exercice non couverte doit être assez large pour faciliter le déplacement et la défécation des animaux. Cette surface non couverte bénéficie de la désinfection naturelle grâce à son exposition aux rayons solaires. De plus, elle permet aux porcs de profiter au besoin des rayons solaires (nécessaires à la synthèse de la vitamine D par l’organisme).

Les murets de séparation des loges ont une hauteur de 1,20 m pour les truies et 1,40 m pour les verrats. L’épaisseur du muret est de 15 cm en brique ou bien il peut s’agir des séparations en béton armé de 10 cm.  Les portes des loges doivent s’ouvrir à l’intérieur et non de l’extérieur pour éviter qu’elles soient défoncées par les porcs.

La toiture peut être en tôle ondulée, en tuile ou en chaume. Elle doit être supportée par des poteaux bien solides. La hauteur est de 2,5 m à 3 m. Il faut orienter la pente de la toiture derrière le bâtiment de telle sorte que l’eau de pluie se verse derrière le bâtiment. Si elle se versait à l’intérieur de la loge, elle remplissait le puisard destiné à drainer les eaux résiduelles. Au cas où la pente est déjà orientée à l’intérieur de la loge, vous pouvez mettre à l’extrémité de la tôle ou la tuile une gouttière et le connecter à un dispositif de collecte pour une utilisation ultérieure de l’eau.

  • Les types de loges :

On distingue 4 types de loges dans une porcherie : il s’agit des loges d’engraissement, loges d’attente de saillie, loges de maternité, loges de verrat. Les loges d’engraissement permettent de regrouper les porcelets sevrés pour les nourrir jusqu’au poids d’abattage. Les loges d’attente de saillie permettent de regrouper les jeunes truies vides qui attendent la saillie. Les loges de maternité sont des loges conçues pour la mise-bas. La loge du verrat doit se trouver soit à l’entrée ou au milieu de la porcherie.

Mais sur le terrain, il on ne constate que trois type de loges: la loge de la truie reproductrice, la loge du verrat reproducteur et la loge d’engraissement.

  • La densité dans les loges

Au cours de l’engraissement, les loges collectives utilisées devront assurer 1 m2 par porcelet de 20 à 50 Kg et 2 m2 par porc de 50 à 100 Kg à l’engraissement. Les loges d’engraissement peuvent être de dimensions 4m sur 3m et contenir 8 à10 porcelets jusqu’à 6 mois d’âge. Pour les loges de la truie en reproduction, prévoir 9 à 10 m² par truie. En ce qui concerne les loges de verrat en reproduction, il faut 10 à 12 m² par verrat reproducteur.

  • Les mangeoires et abreuvoirs

Les mangeoires et abreuvoirs peuvent être fixes ou mobiles. Je préconise pour ma part ceux qui sont  en béton et fixes. Les mangeoires et les abreuvoirs recommandés doivent avoir les caractéristiques suivantes :

– permettre une distribution facile des aliments sans que l’on ne soit obligé à rentrer dans la loge ;

– résister à l’action destructrice des animaux ;

– résister à la corrosion des aliments ;

– permettre un nettoyage facile, etc.

En ce qui concerne l’eau de boisson, il faut distribuer de l’eau de bonne qualité c’est-à-dire de l’eau potable ou encore l’eau que vous pouvez boire vous-même.

Lorsque l’espace le permet, il est recommandé de prévoir surtout pour les reproducteurs des baignoires pour réguler plus facilement les fortes variations de températures. Le porc déteste essentiellement la chaleur car en période chaude sa graisse sous-cutanée a tendance à se fondre, ce qui lui donne une sensation de chaleur excessive.

  • L’hygiène de l’habitat

Comme j’ai coutume de dire, la maîtrise de l’hygiène de l’habitat commence depuis le type et le choix des matériaux de construction. Il faut privilégier les matériaux qui facilitent le lavage et la désinfection. L’intérieur des loges doit être lavé et désinfecté deux à trois fois par semaine. Les porcheries dont le plancher ou les murets de séparation sont couverts d’une couche verdâtre  manquent d’hygiène. Il faut à l’aide de grattoir et de brosse nettoyer le sol et les murets pour les rendre propres. Les déjections doivent être ramassées tous les jours. La procédure de mise en œuvre de l’hygiène suggère le grattage, le nettoyage (brossage plus balayage), le lavage à l’eau plus savon puis la désinfection.

La porcherie doit être suffisamment aérée pour permettre la circulation et le renouvellement du l’air ambiant. Elle doit recevoir à un moment de la journée les rayons solaires pour une désinfection naturelle des loges. Le sol doit être résistant, imperméable, non glissant avec une légère pente pour faciliter l’évacuation des déjections et eaux de lavage. Il faut disposer d’habits exclusivement réservés au travail dans la porcherie et installer obligatoirement un pédiluve devant la porcherie et en faire un usage quotidien.

Conclusion

Le porc étant un animal solide, son habitat est également conçu de façon solide pour pouvoir le contenir. La réussite de l’élevage de porc commence par la bonne conception de la porcherie. Je dois préciser qu’avec une alimentation de qualité et une bonne gestion de la reproduction, le porc n’a pas tendance à sortir des loges. Il est donc important d’assurer à nos porcs une bonne alimentation, un bon suivi sanitaire et une bonne gestion de la reproduction.

Je vous encourage à persévérer et vous souhaite plein succès !

Louis Agbokou

14 réflexions sur “Porciculture : L’essentiel sur l’habitat du porc en milieu tropical

  1. Amboya Saf véronique 18 juillet 2021 / 10 10 09 07097

    En Afrique plus précisément au Cameroun avez vous idée d’une prophylaxie biologique.

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  2. Shadrack Mbungu 21 septembre 2018 / 17 05 55 09559

    bonjour, nous constatons vraiment une négligence de l’habitat et l’alimentation de porcs dans nos milieux environnementaux chez nous en RDC.

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    • Le Blog de Louis Agbokou 27 octobre 2017 / 17 05 44 104410

      Il faut le flair de l’éleveur. D’habitude l’éleveur sait comment se comporte son animal dans tout va bien. Un changement de comportement de l’animal doit attirer l’attention de son maître.

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  3. Kesnel 1 Mai 2017 / 2 02 55 05555

    J’ai un projet pareil, t’es explications vont m’aider. Merci

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  4. Séverin Tchibozo 12 février 2016 / 13 01 16 02162

    Tous mes compliments.

    Est-ce possible d’acheter chez vous des porcelets qui ont entre 4 et 8 kilos et des reproducteurs? Si oui merci de me répondre sur mon mail.

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  5. Romuald Dossou 12 février 2016 / 9 09 54 02542

    Bonjour Mr Louis je veux me lancer dans se domaine pourviez m’aider a trouver une bonne sourche? Je suis au Benin joignable au +22963121268 Merci beaucoup

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    • Le Blog de Louis Agbokou 12 février 2016 / 18 06 27 02272

      Bonjour Monsieur Dossou. Je peux bien vous aider à trouver de bonnes souches pour le démarrage de votre activité. Vous n’aurez qu’à m’écrire.Merci

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